Optimiser le financement de votre projet d’installation agricole
Emprunts bancaires bien sûr, aides et subventions diverses, financement participatif de plus en plus, intérêt d’un autofinancement partiel pour sécuriser le projet et rassurer les différents partenaires, les banques notamment… autant de dispositifs financiers pour s’installer en agriculture. Quels sont leurs intérêts et contraintes, comment les utiliser au mieux ?
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1er levier : l’autofinancement au sens strict
Il peut être de 2 types : économies personnelles (ex. plan d’épargne) ou dons de proches. À savoir pour ces derniers : peu importe le montant, il y a des avantages fiscaux pour ceux qui donnent et des sécurités pour les deux parties : accompagnement juridique, reconnaissance de dettes…
Principal intérêt : sécuriser l’installation agricole pour le futur agriculteur et les différents acteurs qui l’accompagnent. « Cela renforce la viabilité du projet et montre que vous l’avez préparé, anticipé. Le fait que des donateurs y croient et le soutiennent est un plus », appuie la chambre des métiers et de l’artisanat de l’Indre, qui conseille 20 à 30 % d’autofinancement aux créateurs d’entreprise.
« Dans le domaine agricole, très gourmand en capitaux, ce n’est pas rare de n’être qu’à 10 %, nuance la chambre départementale d’agriculture. Le pourcentage préconisé n’étant pas le même à 25 qu’à 45 ans. » Il peut s’agir de numéraire, mais aussi de matériel, etc. Dans tous les cas, « il faut le valoriser dans la partie « ressources » du plan de financement pour s’installer en agriculture », reprend la CMA qui tient à rassurer : « Ne pas en avoir ne signifie pas que votre dossier sera rejeté. »
Les autres fonds propres
Sont en effet considérés comme tels le financement participatif, les prêts d’honneur et même l’Arce (aide à la reprise ou création d’entreprise) de France Travail (ex Pôle Emploi)
- Le financement participatif
Il existe la plateforme Miimosa, dédiée au monde agricole, et d’autres généralistes : Ulule, KissKiss BankBank… Le crowdfunding apporte « un complément financier intéressant, pour du matériel par exemple, qui accroît la solidité du dossier d’installation agricole », avance la chambre d’agriculture.
Sous forme le plus souvent de dons avec ou sans contreparties (et plus récemment de prêts), de la famille, d’amis, de connaissances et d’inconnus, il est lui aussi « une preuve de confiance de la part de ces donateurs » auprès de vos divers interlocuteurs, financiers en particulier.
Les futurs installés « apprennent à présenter et à communiquer sur leur projet, via les réseaux sociaux notamment ». Ils peuvent ainsi « tester leurs idées » pour « les conforter ou non », particulièrement en circuits courts ou vente directe pour faire connaître leurs produits (grâce aux contreparties également), voir s’ils plaisent, trouver des débouchés, développer la clientèle.
« Un moyen d’appuyer l’étude de marché », résume la chambre d’agriculture qui annonce dans les « 6 000 € levés en moyenne par projet » de création ou de développement/diversification. Un mode de financement qui devient « de plus en plus répandu, comme les cagnottes de soutien en général ». « Il ne faut pas voir cela comme une façon de « quémander » des fonds », poursuit l’organisme. « Il ne faut pas avoir peur. Ça n’engage à rien. Au pire, ça ne marche pas. »
- Les prêts d’honneur
Ces prêts à taux zéro, sans garanties, cautions, ni frais de dossier, sont toujours délivrés en complément d’un prêt bancaire. D’une durée de cinq ans en général, les enveloppes peuvent varier de 3 000 à 15 000 €, voire plus pour des dossiers plus conséquents ou portés à plusieurs. Ils sont parfois mobilisables jusqu’à la troisième année d’activité, pour faire face aux investissements non prévus initialement mais nécessaires pour se développer.
Ils doivent faire l’objet d’une demande auprès du comité d’agrément des organisations concernées (dans l’Indre, Initiative France ou Initiave Brenne) où siège généralement, pour le secteur agricole, la chambre d’agriculture qui y présente un avis économique. Notons qu’un différé de remboursement de quelques mois peut être négociés si le démarrage s’avère difficile, étude économique à l’appui.
À disposition, dans le département cité ci-dessus, pour compléter ce que propose Initiative France ou Brenne : le fonds Sofi (Solution Financement Indre) des chambres des métiers et de commerce, dont les conditions d’accès sont similaires. Renseignez-vous sur ce que vous pouvez solliciter là où vous vous installez.
Assimilés à des fonds propres, et de par le passage devant un comité, « les prêts d’honneur sont sécurisants pour les banques », fait valoir la CMA. « Ils amènent de la trésorerie et peuvent être débloqués sous 48 h après validation en comité », ajoute-t-elle Avant de spécifier : « Cela reste quand même des prêts, qu’il faudra rembourser. »
- La dotation jeune agriculteur (DJA)
Elle fait partie, elle aussi, des fonds propres. 80 % sont versés en année 1 et 20 % en année 5, si le prévisionnel est respecté, sinon elle doit être remboursée, au moins en partie. Elle est soumise à conditions (formation, âge, étude économique), modulations (hors cadre familial, agroécologie, élevage…) et régionalisée depuis la Pac 2023-2027. « En bénéficier constitue un plus pour la solidité du projet et la négociation auprès des établissements bancaires. » Signalons que les jeunes agriculteurs ont également accès à des aides complémentaires (fiscales, sociales, Pac) ou majorées sur les investissements (bâtiments, agroécologie…).
- L’Arce (aide à la reprise et la création d’entreprise)
Son versement, par France Travail, équivaut à 45 % du reliquat des allocations nettes à la date d’installation. 50 % de l’aide sont alloués au moment de la création ou reprise et 50 % six mois après.
Les emprunts (banque, famille, micro-crédit)
La plupart du temps, les fonds propres ne suffisent pas. D’autant qu’il faut financer les investissements mais aussi les besoins de trésorerie estimés (ou BFR, soit besoins en fonds de roulement), qu’il importe de ne pas sous-estimer (cf. Chiffrer son projet d’installation agricole). Si le recours au prêt d’honneur est possible pour ce dernier, les emprunts court et moyen termes sont plus fréquents.
Les chambres des métiers et d’agriculture conseillent, d’une part, d’établir un business plan solide et d’être acteur de celui-ci, pour « avoir sa propre vision ». D’autre part, elles recommandent de « mettre en concurrence plusieurs banques », pas seulement sur les taux – certains le font d’ailleurs – mais sur « l’ensemble des prestations comme les frais de dossier, de découvert, de tenue de compte, d’assurance, etc. ». Autrement dit : « Raisonner coût global de l’emprunt. »
La CMA suggère, en outre, d’avoir au moins deux comptes professionnels pour « pouvoir rebondir en cas de difficulté ». « Pour une étude de marché, on voit bien plusieurs fournisseurs, pour ne pas mettre tous ses œufs dans le même panier », compare la CCI tout en insistant sur l’importance de nouer une relation de confiance.
À côté des prêts bancaires, plusieurs Conseils régionaux peuvent attribuer une avance, remboursable dans un délai de cinq ans habituellement, sans caution ni frais, appelée Pass’Création. En Centre-Val de Loire, le montant atteint en moyenne 5 000 €, et peut monter jusqu’à 8 000 €. Les bénéficiaires sont, de plus, accompagnés pendant trois ans sur des thématiques qu’ils choisissent (montage du projet, structuration financière, recherche de financements…) en collaboration avec les services juridique, social, fiscal des différents partenaires : CCI, CMA, Initiative Indre, Initiative Brenne, BGE, etc. « Cumulable avec les prêts d’honneur d’Initiative Indre ou Brenne, cette avance est vite disponible. »
Autre aide de certaines Régions, à mobiliser entre le deuxième et le sixième mois après l’installation, « n’entrant pas dans le plan de financement » : le Cap création/reprise, à 50 % sous forme d’avance remboursable et à 50 % de subventions, sauf pour des créations exigeant des sommes supérieures à 20 k€ : 100 % de subventions dans ce cas. Là encore, il doit être validé en comité. « Cela peut conforter la trésorerie ou un premier développement », indique la CMA.
Les garanties : sociétés de caution mutuelle (Siagi, Socama, BPI, France Active) ou autres
Outre les garanties des banques elles-mêmes ou auprès des sociétés de caution mutuelle : entre autres, la garantie Inaf (european investment fund) pour installation et diversification), le fonds de garantie création de BPI France (à hauteur de 50 à 60 % du montant du prêt, jusqu’à 200 000 €).
Ou encore le fonds de garantie Cap Agri dans quelques départements (ici piloté par Initiative Indre) non spécifique aux jeunes agriculteurs (les exploitants peuvent y recourir pour se diversifier ou renouveler du matériel). 50 à 65 % du montant du prêt est garanti, dans la limite de 45 000 €. « On peut ainsi souscrire un prêt bancaire plus facilement, sécuriser au maximum son installation », met en avant la chambre d’agriculture.
Globalement, les diverses instances préconisent de prévoir une part de fonds propres et de diversifier les sources de financement, en « ajustant les durées sur celle d’utilisation des investissements, afin de ne pas continuer à rembourser des échéances lorsqu’ils ne sont plus utilisés », et sans minimiser la somme à emprunter.
Ce qui revient à « bien évaluer les besoins et la nature des investissements ». « L’étude prévisionnelle, ou plan d’entreprise, ou business plan, et surtout le plan de financement, élaborés dans le cadre du chiffrage du projet d’installation agricole, sont là pour ça, pour vous donner tous les arguments, toutes les armes, pour le financer et le réussir », conclut la chambre d’agriculture.
Source : webinaire « optimiser le financement de votre projet », dans le cadre de la Semaine pour entreprendre dans l’Indre en 2020.
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